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Fondaction: Créer un impact positif en utilisant le capital

Fondaction repense notre système économique en investissant dans des entreprises circulaires de petite taille pour créer des emplois, réduire les inégalités et lutter contre le changement climatique. Découvrez leur mission dans cette entrevue exclusive avec Daniel Normandin, Mathieu Sasseville, Directeur des investissements durables et d’impact, parue dans Circular Economy Magazine.

/ 10 mins / SparxTeam

Les avantages de l’économie circulaire vont bien au-delà de l’environnement. En investissant dans des entreprises circulaires de plus petite taille, nous pouvons repenser notre système économique actuel, en créant des emplois, en réduisant les inégalités et en luttant contre les changements climatiques.

Nous avons discuté avec Mathieu Sasseville, Directeur des investissements durables et d’impact chez Fondaction, de la manière dont cet organisme investit dans plus de 1 000 entreprises circulaires pour stimuler une transformation positive de l’économie du Québec.

Pouvez-vous nous en dire plus sur Fondaction et sur les raisons pour lesquelles une organisation d’investissement est si engagée à faire progresser l’économie circulaire au Canada ?

Cela fait longtemps que Fondaction est impliqué en économie circulaire, car il ne fait plus aucun doute pour nous que la façon dont nous consommons les ressources n’est pas soutenable. Nous devons repenser nos systèmes économiques pour réduire la pression sur les ressources et cesser de dépasser les limites planétaires.

En effet, chaque année, la communauté mondiale utilise plus de ressources naturelles que ce que la Terre peut renouveler en 12 mois. En gros, nous « consommons » collectivement 1,75 planète.

Fondaction est engagé dans la transformation positive de son économie et de la société. L’économie circulaire est un vecteur de transformation important de l’économie et favorise la collaboration des différentes parties prenantes, notamment dans une perspective de renforcement des chaînes d’approvisionnement et de réduction des impacts environnementaux, ce qui s’inscrit parfaitement dans les objectifs de Fondaction, qui sont de déployer intentionnellement du capital dans le but de générer des impacts positifs et mesurables.

Quelles opportunités voyez-vous pour le secteur financier de favoriser la transition vers une économie circulaire ?

Il y a certes des opportunités environnementales à favoriser la transition de l’économie vers une économie circulaire, mais il y a aussi des avantages économiques.

En effet, l’ensemble des stratégies de l’économie circulaire (notamment la réparation, l’économie de fonctionnalité, la location) ont des avantages économiques indéniables qui permettent aux entreprises d’augmenter leur profitabilité ainsi que leur résilience économique.

La proximité des chaînes d’approvisionnement est aussi une opportunité intéressante pour le secteur financier. Beaucoup d’entreprises qui intègrent la circularité dans leur stratégie d’affaires permettent de réduire la pression sur les chaînes d’approvisionnement et de favoriser une économie plus locale. 

Plusieurs entreprises ont récemment vécu les contre-coups de la mondialisation et avoir des options à coût compétitif à l’échelle locale constitue une belle opportunité, autant pour le secteur financier que pour les entreprises.

Comment Fondaction a-t-il collaboré avec et soutenu les petites et moyennes entreprises pour appuyer leurs efforts et ambitions en matière d’économie circulaire ?

En déployant du capital pour accélérer la croissance d’entreprises avec des modèles d’affaires basés sur l’économie circulaire, en investissant dans des projets d’impact ou en investissant dans entreprises innovantes qui trouvent de nouvelles façons d’appliquer les stratégies de l’économie circulaire dans des secteurs d’activités qui en ont grandement besoin.

Via son approche en capital de développement, Fondaction investis dans des entreprises matures qui ont soit des modèles d’affaires circulaires ou en réalisant des projets d’impact, c’est-à-dire d’investir dans des projets qui rendent les entreprises plus efficientes, circulaires et durables.

Nous avons aussi lancé en 2021 un fonds d’investissement en capital de risque dédié à l’économie circulaire, une première au Canada. Ce fonds investis principalement dans des jeunes entreprises qui innovent et qui désirent déployer de l’impact à plus grande échelle.

Nous cumulons en date d’aujourd’hui, plus d’une vingtaine d’investissements dans des entreprises d’économie circulaire.

Comment mesurez-vous l’impact de vos investissements dans l’économie circulaire à la fois sur les performances financières et sur les résultats en matière de durabilité ?

La stratégie au niveau des investissements d’impact repose principalement sur l’intention de générer un impact positif mesurable tout en assurant un rendement financier. 

Cette approche nécessite de filtrer positivement les opportunités d’investissement en fonction des conditions d’impact, soit l’intentionnalité (déployer une solution dans le but de générer de l’impact), l’additionnalité (démonstration de l’impact positif par rapport à un scénario de référence) et les mesures d’impact.

Les mesures d’impact sont généralement définies en fonction d’une logique d’affaires et en lien avec le secteur des entreprises dans lesquelles Fondaction investi. Nous nous assurons de mettre en place les conditions gagnantes avec les entreprises pour mesurer les impacts tout au long du cycle d’investissement.

De plus, pour l’ensemble des investissements, nous avons aussi une méthodologie quant à l’identification et la gestion des risques ESG, qui fait l’objet d’une révision annuelle avec les entreprises du portefeuille.

Quels sont les plus grands défis auxquels Fondaction est confronté lorsqu’il s’agit de soutenir les initiatives d’économie circulaire ?

1. Gestion et suivi de l’impact

Mettre en place un processus de gestion et de suivi de l’impact peut engendrer son lot de défis, notamment que plusieurs parties prenantes sont impliquées dans le processus. La collaboration de tous est nécessaire pour assurer de mettre en place lors de la vérification diligente, les conditions gagnantes pour la sélection des bons indicateurs d’impact et pour la mise en place et le suivi du plan de gestion de l’impact. 

2. Accompagnement des petites entreprises

Fondaction soutient souvent des PME en économie circulaire. Ces entreprises peuvent rencontrer des obstacles liés au manque de ressources ou de technologie pour atteindre leurs objectifs de croissance. Le défi consiste à leur fournir un accompagnement adapté, non seulement financier, mais aussi en matière de gestion de la croissance et de gestion des risques d’affaires.

3. Complexité réglementaire et législative

L’économie circulaire est souvent confrontée à des défis réglementaires, car les politiques publiques et les normes juridiques peuvent ne pas être entièrement adaptées aux modèles circulaires innovants. Fondaction doit naviguer dans un cadre législatif parfois flou, où les incitations et les soutiens gouvernementaux ne sont pas toujours alignés avec les besoins spécifiques de l’économie circulaire.

4. Collaboration intersectorielle

L’économie circulaire implique souvent la collaboration entre plusieurs secteurs d’activité (industrie, commerce, gestion des déchets, technologies de recyclage, etc.), ce qui peut rendre la coordination complexe. Fondaction doit faciliter ces partenariats pour maximiser les synergies, tout en s’assurant que les parties prenantes restent alignées sur les objectifs environnementaux et financiers.

Comment Fondaction équilibre-t-il le risque et la récompense lorsqu’il finance des projets d’économie circulaire innovants mais parfois non éprouvés ?

Le rythme des marchés financiers n’est pas adapté ou synchronisé pour répondre aux enjeux des crises environnementales et sociales. 

Même si l’argent des épargnants est géré sur le long terme (régimes de retraite, assurances-vie), la pression pour générer à travers les investissements des rendements à court terme est encore très forte.

Ce n’est pas parce qu’il y a encore une dernière piastre à faire avec une entreprise pétrolière en raison des fluctuations boursières à court terme que c’est une bonne idée d’investir dans un secteur sans avenir. 

Comme financiers, nous avons la responsabilité d’allouer les capitaux à certains projets plutôt qu’à d’autres. Pour contribuer à la transformation de l’économie et développer des solutions pérennes, il faut choisir les projets en adoptant une perspective à plus long terme, quitte à s’éloigner des indices pendant quelques trimestres. 

Dans ses principes mêmes, la circularité établit différents maillages entre entreprises, ce qui renforce à la fois le tissu économique, financier et le tissu social.

Notre conception du risque relativise l’importance de la volatilité par rapport à un rendement espéré. Sur un horizon à plus long terme, ce qui est vraiment important, ce sont les risques systémiques comme ceux liés à la déforestation, aux changements climatiques, aux clivages dans la société. Et ce n’est qu’en adoptant une approche à plus long terme que la finance peut espérer contribuer à les atténuer. 

Pour ne plus faire partie du problème, mais faire partie de la solution.

En regardant vers l’avenir, quels sont vos espoirs pour l’économie circulaire au Canada au cours de la prochaine décennie, et comment votre organisation envisage-t-elle de contribuer à cette vision ?

Nous nourrissons de grands espoirs pour l’économie circulaire au Canada. L’économie circulaire représente une opportunité unique de réduire notre empreinte écologique tout en stimulant l’innovation et la croissance économique.

Nous espérons voir un Canada où la gestion des ressources ne soit plus perçue comme une contrainte, mais comme un moteur de développement durable. Ce changement passe par une adoption plus large des principes de circularité, où les entreprises, grandes et petites, développeront des produits et des services conçus pour durer, être réparés, réutilisés et recyclés. 

Dans cette perspective, Fondaction entend jouer un rôle clé en soutenant des projets d’économie circulaire à travers des investissements stratégiques dans des entreprises et initiatives qui incarnent ces principes. 

Nous envisageons de continuer à investir dans des entreprises novatrices qui créent des solutions circulaires, tout en accompagnant les petites et moyennes entreprises dans le renforcement de la durabilité de leurs modèles d’affaires. 

De plus, en initiant le Groupe de travail canadien sur l’investissement d’impact (GTCII), Fondaction veut catalyser la collaboration, l’innovation et l’adoption des meilleures pratiques dans ce domaine. Le lancement du rapport du GTCII en 2024 constitue lui-même un appel à l’action ayant pour objet la croissance du marché et le déploiement de capitaux suscitant de manière intentionnelle et mesurable des retombées sociales et environnementales.

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